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Pouvez vous vous présenter ?

 

Bonjour, je suis arrivée à Prague en 1995, en tant qu’étudiante, dans le cadre d’un échange universitaire. Je me suis ensuite engagée dans des études doctorales et j’ai obtenu le titre de docteur en droit français et tchèque, avec une spécialisation en droit européen.

 

J’ai rencontré mon mari Nicolas, à Prague, pendant mes recherches au Centre français de recherches en sciences sociales de Prague. Nous avons, tous les deux, décidé de rester à Prague et d’entamer une carrière universitaire à l’Université Charles. 

 

Je suis actuellement chercheure au Centre de droit comparé de la faculté de droit de l’Université Charles de Prague. Je travaille, entre autres, sur le droit de séjour des citoyens de l’Union résidant dans un autre Etat membre.

 

Nous avons une petite fille de 3 ans, Sara, qui est née à Prague.

 

 

Pourquoi vous présentez-vous à cette élection des conseillers consulaires ?

 

Aider les migrants à bien s’intégrer dans la société d’accueil, rassembler des personnes de milieux différents m’a toujours intéressée et poussé à agir.

 

Dès mes premières années d’étude à Toulouse, j’ai fondé l’association AEGEE-Toulouse qui s’occupait, entre autres, d’accueillir et d’intégrer les étudiants étrangers, de passage dans la ville rose. Plus tard, j’ai travaillé dans l’humanitaire. Je me suis intéressée aux migrants quels qu’ils soient, citoyens de l’Union européenne, ressortissants de pays tiers, demandeurs d’asile, réfugiés etc. J’ai travaillé comme juriste au Centre tchèque pour les questions de migration et pour l’association Berkat où je réglais les problèmes de séjour en Tchéquie. 

 

En tant que chercheure à la faculté de droit, je m’intéresse particulièrement à la situation des citoyens de l’Union (comme vous et moi) qui ont choisi de vivre dans un autre Etat membre, pour une courte ou une plus longue durée.

 

J’ai été nommée dernièrement représentante permanente de la juge H. Pipkova au Comité pour le droit des étrangers, chargé de conseiller le gouvernement tchèque en matière législative. Cette fonction est très proche de celle du conseiller consulaire, puisqu’il s’agit d’informer le gouvernement tchèque sur les besoins des étrangers et de l’aider à mieux construire sa politique d’intégration des étrangers. 

 

Je prends aussi très à cœur la situation des personnes discriminées, en difficulté. J’ai ainsi travaillé pour une association qui s’occupait de l’intégration des enfants roms dans la société tchèque et j’ai accompagné, pendant plusieurs années un groupe de volontaires, chargé d’apporter un soutien psychique et une aide à des immigrées bulgares à Prague, victimes de la traite des êtres humains. 

 

En tant qu’enseignant-chercheure, j’ai eu l’occasion, à plusieurs reprises, de collaborer avec l’ambassade de France à Prague ou le Cefres, dans les domaines de l’éducation, de l’enseignement ou de la culture. En tant que maman, j’ai déposé, comme nombre d’entre vous, un dossier de bourse scolaire au Consulat.

 

C’est donc tout naturellement que j’ai décidé de me présenter à ces élections, avec le souhait de vous faciliter votre intégration ou votre séjour en République tchèque, d’être à l’écoute de vos suggestions et de vous informer sur les politiques consulaires qui vous concernent.

 

 

Le poste de conseiller consulaire est nouveau, comment comptez-vous exercer ce rôle ?

 

Les conseillers consulaires sont les relais des ressortissants français auprès des instances consulaires et diplomatiques. Ils représentent aussi les intérêts des français auprès des sénateurs et députés de l’étranger. Dans cette mission, les domaines d’intervention du conseiller consulaire sont, pour l’instant, très larges. Il faudra, sans doute, dans l’avenir poser certaines limites. C’est la pratique qui nous apprendra à mieux délimiter cette fonction pour que le conseiller consulaire puisse exercer au mieux sa fonction d’élu de proximité. 

 

La première qualité que l’on attend d’un élu local, selon moi, est la capacité d’écoute. Cette écoute doit être non-partisane, viser tous les français quelque soit leur statut (nouvel arrivant et résident de longue durée, actif et non actif, praguois et provinciaux). Pour cette raison, je compte organiser une permanence, une fois par mois pour rencontrer les français de Tchéquie, tout en restant disponible en cas d’urgence. Je souhaiterais aussi mettre en place un groupe de réflexion multipartite pour les questions importantes (par exemple, sur les frais d’inscription du lycée français et les bourses scolaires). Bien entendu, les français de Tchéquie pourront me joindre, en dehors des permanences, par email ou téléphone. En cas de besoin, des rendez-vous ad-hoc pourront être organisés.

 

La deuxième qualité attendue du conseiller consulaire est le devoir d’information. Je transmettrai régulièrement aux services de l’Ambassade de France et aux représentants des français de l’étranger les propositions, les souhaits de nos compatriotes (par email et sur place). De même, j’informerai les français de Tchéquie des enjeux des différents conseils consulaires. Des emails seront envoyés avant chaque conseil consulaire, pour que les personnes concernées puissent réagir. Ceux qui n’ont pas d’emails devront me prévenir afin que je puisse les contacter autrement (courrier, appel téléphonique). Je propose aussi de renforcer le site des contacts utiles de l’Ambassade de France sur Internet, en y insérant, par exemple, une liste des associations tchèques fournissant une assistance juridique et sociale gratuite, en français ou en anglais, aux étrangers. Un compte-rendu régulier de mes activités sera communiqué aux français de Tchéquie par email.

 

La troisième tâche du conseiller consulaire est de conseiller ses compatriotes. Notre équipe est composée de personnes provenant de milieux professionnels différents (juriste, politologue, entrepreneur, directeur financier, médecin, ingénieur), ayant une longue expérience du terrain tchèque et de bonnes relations avec l’ambassade de France à Prague. En nous reposant également sur nos réseaux d’amis et professionnels, nous serons capables de conseiller utilement les français de Prague et de les diriger vers les services compétents. Mon appartenance au Comité consultatif pour le droit des étrangers me permettrait également d’informer le gouvernement tchèque de certaines questions problématiques touchant de nombreux français à Prague, comme par exemple, le problème de la coordination de la sécurité sociale ou des régimes de retraite. Je m’engage à travailler en synergie avec l’ambassade de France et les représentants des français de l’étranger dans le domaine des politiques consulaires.

 

La dernier rôle que le conseiller consulaire devra exercer est sa participation au vote des sénateurs de l’étranger. Concernant cette question, je m’efforcerai de faire le bon choix, indépendamment des pressions politiques et économiques, prenant comme critère principal, l’intérêt des français de Tchéquie.

 

 

Les élections AFE ont toujours eu une faible participation, pensez-vous que cette élection 

attirera les électeurs ?

 

Je pense que l’élection des conseillers consulaires devrait attirer certainement plus d’électeurs que les élections AFE. Ceci, pour deux raisons : d’une part, le vote électronique permet aux compatriotes qui ne peuvent pas se déplacer de voter sur Internet. D’autre part, les candidats à la fonction de conseiller consulaire, résidant sur place, sont mieux connus des  électeurs que les autres représentants des français de l’étranger, physiquement éloignés des 

français de Tchéquie. Les campagnes électorales locales ont certainement plus d’impact car  les électeurs ont la possibilité de rencontrer les candidats.

 

Enfin, je dois dire que les élections des conseillers consulaires ont fait l’objet de beaucoup de communication, que ce soit sur le site de l’ambassade de France à Prague ou à travers les emails que les électeurs recoivent.

 

 

Interview recueillie par Alix.