Elections conseillers: entretien avec Benjamin Schifres, En Marche! MoDem et indépendants
Benjamin Schifres et Claire Madl répondent aux questions de Prahoo sur le programme de la liste En Marche ! MoDem et indépendants, candidate aux élections des conseillers des français de l’étranger en Tchéquie.
Pourquoi vous présentez-vous à cette élection des conseillers des Français de l’étranger ?
Benjamin : Si je m’engage, c’est que je pense que les conseillers des Francais de l’étranger peuvent aider les Français installés en Tchéquie et que cette fonction mérite de prendre plus l’ampleur en étant au plus près de la réalité spécifique de leur situation.
Il faut avoir à l’esprit que ce poste électif existe depuis une mandature seulement. Ce fut un énorme progrès que de passer à un système représentatif pour défendre les Français de l’étranger. Cela permet de tenir compte des réalités spécifiques des Français qui vivent une démarche de mobilité européenne. Nous ne pouvons pas être représentés exactement comme le sont les Français de Manaus, de Dakar ou de New York. De fait, nous sommes des “Européens de l’étranger”.
Je suis moi-même arrivé en République tchèque en 2007 avec un contrat local. Or je n’ai appris l’existence des conseillers consulaires qu’au grand débat national et leur activité ne m’a jamais été d’aucun soutien. Je voudrais que cela change pour tous ceux qui sont ici.
L’investiture d’En Marche et du MoDem s’inscrit précisément dans cette démarche, car je suis en phase avec la démarche pro-européenne d’Emmanuel Macron. J’ai moi-même fondé le comité LaREM de Prague, et j’ai adoré débattre avec des Français qui ne se seraient probablement jamais rencontrés, tant la communauté française fonctionne en silos. Il y a une ouverture de notre communauté à construire, entre nous, mais aussi avec la société civile tchèque, entre Européens, et même changer le regard caricatural que les Français de métropole portent sur nous – des exilés fiscaux privilegiés – alors que la plupart d’entre nous sont des contractuels locaux. C’est la raison profonde de mon engagement.
Claire : Lorsque l’équipe d’En Marche et du Modem m’a contactée en 2019, je souhaitais m’engager pour agir dans deux domaines que je connais bien de par mon expérience en République tchèque. Je constatai tout d’abord que les conseillers sortants n’avaient pas su saisir l’opportunité de ce mandat unique en Europe pour nous représenter et nous informer, pour servir d’interface ouverte à tous. Les contacts personnels continuent d’être indispensables pour se tenir informé des procédures administratives indispensables, de l’activité de nos représentants, des opportunités d’aide, de l’existence et de l’activité des associations…
Cet “entre soi” exclut beaucoup des 5 ou 7000 Français installés ici. Prahoo aide beaucoup et c’est un super forum, mais comment aller repêcher l’information que l’on recherche ? Et ce sont souvent les mêmes questions qui reviennent!
Ensuite, j’ai été confrontée plusieurs fois au sentiment profond d’injustice des parents d’enfants français dont la demande de bourses scolaires a été rejetée alors qu’ils ne peuvent pas offrir le LFP à leurs enfants, et plus largement à l’impression des parents de faire des compromis au moment du choix d’un système scolaire : s’ils choisissent de favoriser l’intégration des enfants dans leur milieu social proche, il leur est très difficile de leur assurer un enseignement du français de première qualité tout au long de leur scolarité. La Covid a accrû les tensions.
Les conseillers des FdE peuvent porter ces questions auprès de l’administration et des élus, servir de médiateurs et faire preuve d’initiative pour apporter des réponses – il suffit de regarder dans d’autres pays ou d’autres communautés expatriées pour avoir des idées. Notre programme en présente un certain nombre.
Je voudrais, par ces moyens pratiques, contribuer à ce que l’expatriation et la double appartenance culturelle soient vécues par tous comme une richesse et non sur le mode du compromis.
Quel bilan tirez-vous du conseil consulaire sortant ? Que pensez-vous apporter de différent pour les années qui viennent ? Comment comptez-vous exercer ce rôle ?
Benjamin : J’aimerais bien connaître ce bilan, en tant que citoyen français, et ne pas à avoir à attendre les élections pour avoir accès à des bribes d’information. Je ne peux pas croire qu’ils n’ont rien fait, mais je me demande s’ils connaissent leur rôle… … que dire ?
Les procès verbaux des conseils consulaires ne sont plus publiés depuis avril 2017. Ceux dont nous disposons font 2 pages, dont une pour la liste des présents. Nos collègues de Munich livrent beaucoup plus d’informations. Certes, leur rôle étant nouveau, il est compréhensible qu’ils aient dû trouver leurs marques ; mais cela n’excuse pas tout. En Tchéquie, nos conseillers consulaires sortants brillent surtout par leurs absences. Or, l’assiduité et l’engagement me semblent cruciaux.
Souvent, on parle de confidentialité de l’information, mais qui parle du nécessaire besoin de transparence pour l’attribution des bourses par exemple ? N’est-ce pas le rôle d’un élu justement, de s’assurer de la publication des informations au profit de la communauté ?
Sur les trois conseillers consulaires, un seul a fait un travail extraordinaire sur les réseaux sociaux pour informer sur la Covid et aider ceux qui s’adressaient à lui. On doit lui rendre honneur. Mais, ne soyons pas dupe ; cette grande activité contraste sévèrement avec le reste de sa mission, à savoir la médiation, la représentation de tous et la transparence.
Pour les 5 années à venir, le rôle de Conseiller des Français de l’étranger doit parvenir à maturité. Je compte l’exercer de façon collégiale avec les autres conseillers élus mais aussi en réseau avec les conseillers des Français d’autres pays et les ressortissants d’autres pays en République tchèque.
Je veux profiter de siéger aux différentes commissions pour prendre l’initiative de poser les questions qui fâchent.
En particulier en matière de transparence pour l’attribution des bourses et des aides sociales. La crise de la Covid a trop laissé de personnes dépendantes de leurs propres ressources, alors qu’un tissu associatif fort aurait pu obtenir des soutiens conséquents. Le gouvernement a libéré des millions pour aider des Français de l’étranger. Les Français de Tchéquie et les petits entrepreneurs en ont trop peu bénéficié alors que le pays est plus durement touché que d’autres.
Et enfin, en tant que liste affiliée à la majorité, nous pouvons sans difficulté informer les élus des Français de l’étranger de la majorité, Fréderic Petit et Samatha Cazebonne (impliqués dans l’AEFE), Anne Genetet (fiscalité), Pieyre-Alexandre Anglade (Europe), voire les cabinets ministériels. Je l’ai déjà fait dans le cadre du comité LaRem, nous ne devons pas nous en priver.
Quelle est votre vision de la communauté française en République tchèque ? Quelles sont, selon vous, leurs attentes ?
La communauté française de Tchéquie est multiple et ne forme pas un réseau unique. Toucher chacun dans ses préoccupations est difficile, mais c’est justement le rôle du conseiller FdE de soutenir ceux qui en ont le plus besoin, parce qu’ils sont peu visibles des instances françaises. Je pense aux petits entrepreneurs. Je pense aux parents inquiets pour l’apprentissage du français par leurs enfants. Je pense aux volontaires engagés dans des associations qui sont trop rares et méconnues, et qui doivent être soutenues pour s’enraciner dans la communauté française ; enfin aux Français qui viennent s’installer et doivent construire leur nouvelle vie.
Les conséquences de la Covid vont se faire sentir encore longtemps. Il convient tout d’abord d’évaluer les besoins. Il ne faudra pas hésiter à mobiliser ou accroître le tissu associatif pour faciliter l’octroi des aides.
Un accès à l’enseignement du français plus diversifié, géographiquement mieux réparti, pour tous les budgets, est une très grosse attente. Nous comptons élargir l’offre dans ce domaine en mettant en complémentarité les associations et les autres acteurs dans ce domaine.
Enfin chacun souhaite évidemment que les élus, quelque soit leur bord politique, collaborent entre eux selon leur compétence pour le bien commun, nous nous y engageons personnellement.
Vous aurez à vous prononcer pour l’élection des conseillers AFE et des sénateurs des français de l’étranger. Comment guiderez-vous vos choix et comment voyez-vous vos relations avec ces assemblées ?
Le choix pour les deux sera évidemment en cohérence avec le soutien de notre liste par la majorité LaRem/MoDem. C’est notre atout de présenter une lisibité sans ambiguïté sur nos soutiens et sur qui nous allons soutenir, contrairement aux listes soi-disant apolitiques, dont les membres ne s’engagent pas vis-à-vis de leurs électeurs. C’est l’une des contributions démocratiques de notre liste. Nous avons déjà constitué un réseau de partage et d’entraide entre conseillers des Français de l’étranger et député de l’étranger de la majorité. Nous aurons donc la communication la plus directe possible.